Agir ou réagir ?

Bonjour,

commençons par un sujet qui touche la vie de tous les jours : nos réactions ou plutôt l'impression (souvent erronée, pour ne pas dire toujours) de leur inéluctabilité.

Combien de fois face à une situation, aux paroles ou aux actes de quelqu'un de notre entourage nous vexons nous ou nous mettons nous en colère parce que ça nous paraît la seule réaction logique? Combien de fois n'a-t-on pas entendu les fameuses phrases "Comment voulais-tu que je réagisse ?", "Forcément je me suis énervé !" ou autre du même genre ?

Bonne nouvelle ! Ces réactions, qui en général nous apportent bien des problèmes et nous pompent bien de l’énergie, ne sont pas les seules possibles. Ce sont des comportements que nous avons appris et intégrés en regardant faire les autres ou par expérience. Ensuite nous les reproduisons sans les remettre en question.

Je ne dis pas que les réactions "automatiques" que nous avons sont forcément les mauvaises. Je dis juste que nous avons le choix. Nous pouvons, face à une situation décider d'agir de la manière habituelle ou de faire autrement. C'est une liberté que l'on ne prend pas souvent car elle est difficile à voir mais elle est bien réelle.

Personnellement je l'ai découvert par une pratique régulière du yoga et de la méditation. Je ne parle pas d'une révélation en milieu de séance bien sûr. Mais ce sont des pratiques qui aident à prendre du recul et à observer posément les différentes composantes d'une situation. C'est un peu une forme d'entraînement...

C'est alors que dans la vie de tous les jours, on se retrouve dans un cas où on commence par exemple à se mettre en colère et où cette petite voix que l'on apprend à écouter se met à vous parler :

"STOP" ! Pourquoi tu te met en colère?

- Ben il a fait ça, c'est logique que je me mette en colère.

- Pourquoi ? Ce serait moins logique de lui dire que tu n'apprécies pas et que tu voudrais comprendre pourquoi il dit ça ? Ou de laisser tomber et revenir plus tard quand il sera de meilleure humeur ? Ou même de rire de la situation?

- ..."

Bon, c'est très imagé bien sûr mais il y a de ça. La vérité est que dans la plus part des situations nous avons le choix de la conduite à tenir, et que nous pouvons faire ce choix consciemment.

Pour en voir discuté avec d'autres personnes pratiquant le yoga ou les arts martiaux, c'est une prise de conscience qui arrive souvent avec un certain niveau de pratique (comprendre par là assiduité et sérieux pas performance).

Bien sûr le fait d'avoir le choix ne veut pas dire que nous allons faire le bon (quand bon il y a).

Par exemple, il y a un peu plus d'un mois je me suis trouvée dans une situation au boulot un peu ambigüe. Je gérais directement un sujet avec un fournisseur. Notre contact habituel, qui avait tendance à tirer un peu sur la corde à chaque occasion, était en congé. Son remplaçant avait suivi le dossier du début mais était forcément moins au courant que lui. Face à un litige, ce dernier a utilisé un argument qui de son point de vu était tout à fait justifié, mais qui au vu de l'évolution du projet n'avait plus lieu d'être (voir pouvait être provoquant).

Si c'était la personne habituelle qui nous avait répondu, il n'y aurait pas eu de doute sur l'intention. Mais là, il était tout à fait possible qu'il ne connaisse pas les derniers accords sur ce point en particulier.

Après réflexion j'avais 2 choix : l'appeler pour en discuter ou lui faire un mail très dur lui rappelant nos accords et pour lui dire d'arrêter d'essayer de nous mener en bateau. La bonne solution pour nos relations et la suite du projet était bien sûr la première. Mais voilà, j'étais fatiguée et de mauvaise humeur. D'autres personnes m'avaient déjà fait ce genre de coup dans la journée (mais en toute connaissance de cause cette fois) et comme mon chef me l'avait demandé, je m'étais écrasée en acceptant une situation que je jugeais fausse et injuste. Bref, j'avais envie d'aller à la fight et besoin de m'affirmer. C'est donc non pas en suivant mon instinct que je lui suis rentrée dedans mais bien de façon réfléchie et posée. Il s'avère qu'il n'était vraiment pas au courant de la situation...

Je dois vous avouer que la jouissance n'a été que de courte durée et que je me suis sentie bête et puérile, d'autant plus que j'avais agit en toute connaissance de cause ! Pourtant ça m'arrivera encore (et plus souvent que je n'aimerais l'admettre)...

Ces situations sont souvent source de souffrance pour soi et les autres. Il est bon de savoir qu'on a en réalité le choix. Ce n'est pas facile, mais quand vous en avez l'occasion, essayez de prendre du recul et de faire un choix différent de celui qui vous vient naturellement. Vous verrez, le résultat est souvent surprenant.